Pourquoi il est encore possible de dire non aux multinationales, surtout quand on est une élue de gauche

Par Olivier Petitjean pour BastaMag

La remunicipalisation du service public de l’eau parisien démontre ce que les multinationales et leurs alliés souhaiteraient ne pas laisser savoir : qu’il est possible, aujourd’hui, de (re)construire des services publics démocratiques efficaces et répondant à nos besoins sociaux et écologiques. Anne Le Strat, ancienne adjointe au maire de Paris, livre dans un ouvrage son récit de la reconquête démocratique de l’eau parisienne.

« Il y a deux événements majeurs qui ont durablement marqué le monde international de l’eau : Cochabamba en 2000 et Paris en 2010. Le premier parce qu’il symbolise la lutte citoyenne pour se réapproprier la gestion de l’eau et contre sa marchandisation. Le second parce qu’il démontre qu’il est possible de reprendre un service privatisé et de rebâtir un service public de qualité avec des valeurs de démocratie et de transparence. »

C’est en ces termes que David Boys, syndicaliste canadien aujourd’hui secrétaire général adjoint de la Fédération syndicale internationale des services publics, décrit l’importance de la remunicipalisation du service de l’eau parisien et la création de la régie municipale Eau de Paris.

Dans son livre Une victoire contre les multinationales, qui vient de paraître aux éditions Les petits matins, Anne Le Strat – adjointe au maire de Paris jusqu’en 2014 et principale architecte de la remunicipalisation parisienne – raconte les coulisses de cette bataille victorieuse. Une bataille qui a mené au départ des deux géants qui contrôlaient jusqu’alors le service de l’eau dans la capitale, Veolia et Suez (lire notre entretien avec Anne Le Strat, « La remunicipalisation a permis à Paris de mener une politique de l’eau plus durable et plus démocratique »).

Redonner sa légitimité et sa force à l’action politique

Au-delà des questions liées au secteur de l’eau, la remunicipalisation de l’eau parisienne est porteuse de leçons politiques plus larges. La première est qu’il est souhaitable et possible d’aller à contre-courant de la logique dominante de privatisation, dont le récit d’Anne Le Strat montre à quel point elle imprègne l’administration et les politiques. Alors même qu’un nombre grandissant d’élus et de citoyens tente péniblement – à Paris et ailleurs – de s’extirper de la chape de plomb imposée par le « lobby français de l’eau » [1] et ses deux principaux chefs d’orchestre, Suez et Veolia, c’est le même modèle qui se trouve actuellement imposé, à des degrés divers, à toute une série de secteurs relevant du service public et de l’administration.

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