Tunisie : confession d’un tortionnaire du régime de Ben Ali

Publié par JEUNE AFRIQUE

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Una testimonianza choc di un ex poliziotto sui metodi di tortura usati nelle carceri durante gli anni neri del regime di Ben Ali. 

DI FRIDA DAHMANI

« C’est sans doute par lâcheté, mais je ne veux pas m’exposer ; mon monde s’effondrerait. À part mon épouse, personne ne connaît ce pan de mon passé. J’ai grandi dans un petit village du Sahel, près de Msaken, où mon enfance a été ponctuée de récits de la bataille de Monte Cassino que ressassait mon père, un tisserand enrôlé dans l’armée française. J’étais un élève moyen, mais j’avais de bonnes aptitudes sportives. Je n’avais pas conscience, pas plus que mes collègues, d’avoir intégré un système répressif. »

Cela a compté quand, après deux ans de vagues études de sciences économiques à Tunis, j’ai intégré l’école des cadres de la police, au milieu des années 1970. Nous étions heureux, nous étions sûrs d’avoir un emploi, qui plus est au sein de l’autorité. Travailler pour le “Hakem” – celui qui commande –, être l’un de ses représentants, était à l’époque une position très enviée, assimilée à celle d’une élite.

Violences policières admises depuis longtemps

C’est à partir de là que le jeune homme insouciant et fêtard que j’étais s’est coulé dans le moule. Je n’avais pas conscience, pas plus que mes collègues, d’avoir intégré un système répressif. Nous étions convaincus d’être un rouage nécessaire de l’État. Dans l’enseignement qui nous était dispensé, la torture n’était pas au programme, mais les techniques d’interrogatoire, les cours de psychologie et la formation physique nous ont appris à modeler nos attitudes et à exercer des pressions pour briser les résistances. Le tour de vis avait commencé bien avant que j’intègre la police et occupe un premier poste à Gabès [Sud], en 1978.

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