Le phénomène Emmanuel Macron

Publié par REPORTERRE

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Reporterre — Quelle analyse faites-vous de ce premier tour ?

Thibaut Rioufreyt — On est face à un paradoxe. Sur le plan européen, il y a une crise de la social-démocratie, un affaiblissement des partis socialistes au profit de la gauche radicale et une droitisation de la société généralisée avec une montée de l’extrême droite. Et en même temps, Macron est la queue de comète d’un social-libéralisme plutôt en déclin, un Tony Blair ou un Gerhard Schröder avec 20 ans de retard… c’est vraiment très étonnant.


Marine Le Pen est au second tour, mais à un pourcentage moins élevé qu’aux précédentes élections intermédiaires. Faut-il s’en inquiéter ?

Il faut toujours s’inquiéter du fait qu’il y ait un candidat FN au deuxième tour. On s’y habitue, parce qu’on nous le dit depuis des mois. Et même si elle a fait moins en pourcentage, elle a gagné des voix. Même si je ne pense pas qu’elle passera au second tour, je suis plus inquiet concernant le moyen terme. La méthode de Macron pour réduire le chômage — accroître la précarité — va affaiblir les classes sociales les plus fragiles, les classes moyennes. Or, c’est là que le FN mord. Je pense que cette élection signe le début d’une période de 10 à 15 ans d’une extrême droite très puissante, même si elle n’arrive pas au pouvoir. Le danger est qu’elle parvienne à diffuser ses idées dans toute une partie de la population. C’est déjà en train de se produire, ce n’est plus simplement un vote de contestation. Pour cette élection, ce qui est étonnant est qu’elle n’a pas tant gagné chez les ouvriers, mais plutôt ailleurs, dans les catégories C, les catégories les plus basses de la fonction publique. Ça, c’est nouveau.

« Le clivage gauche droite reste pertinent »


Le discours d’Emmanuel Macron, qui serait de dire qu’« il y a des bonnes idées partout », n’est-il pas dans l’air du temps ? Le clivage gauche-droite a-t-il disparu ?

Ce discours, porté par Emmanuel Macron, n’a finalement plu qu’à un cinquième de l’électorat. Et si une majorité de Français disent que le clivage gauche-droite n’est plus pertinent, la plupart d’entre eux ont voté en fonction de ce clivage. Même si d’autres viennent s’y ajouter et recomposent les partis, comme l’opposition mondialisme/nationalisme. Le clivage gauche-droite n’est pas mort, simplement, les gens ne croient plus à l’alternance entre Les Républicains et le Parti socialiste. Et comme pour eux, le premier représente la droite et le second la gauche, ils ont l’impression que ce clivage est mort. Mais il reste structurant.


Difficile d’identifier dans cette campagne une proposition phare d’Emmanuel Macron… A-t-on voté pour un individu ou pour un projet ?

Il a effectivement choisi d’incarner le renouveau sur sa personne plus que sur le fond. Ses idées sont un recyclage assez classique, social-libéral, pas éloigné de ce que voulait faire Valls et de ce qu’a fait Hollande. Simplement, c’est plus assumé. L’élément non négligeable est qu’il avait besoin d’être dans le flou, ce que j’appelle la stratégie d’extrême centre. Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas d’idées, mais qu’elles sont clivantes et qu’il n’aurait pas passé le premier tour s’il les avait affichées trop ostensiblement.

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